La simplexité doit rendre compte de la complexité en préservant la diversité qui la caractérise. En ce sens, la construction de scénarios est une démarche simplexe qui permet à la fois d’explorer le champ des futurs, de le réduire, sans pour autant le simplifier car on en observe la diversité.
La simplexité demande d’accepter l’incertitude, de respecter les connections observées, de chercher des solutions innovantes pour des futurs souhaitables, tout en acceptant l’inattendu, tout en ayant le souci de l’efficacité (impact), et le goût de l’action individuelle et collective.
J’y vois une convergence forte avec la prospective qui accepte l’incertitude en refusant la prédiction, qui relève les interactions entre différentes dimensions, qui révèle l’inattendu dans les signaux faibles, qui anticipe pour mieux agir.
Dans cette posture qui met l’Humain au centre, l’outil est indissociable. L’outil simplexe n’est pas seulement un objet, c’est aussi son utilisation et celui qui l’utilise. Outil, usage et utilisateur constituent le « design » simplexe, qu’il faut comprendre comme dessin (conception) et comme dessein (intention). Pour reprendre un intervenant : la complexité est dans la tête du concepteur et la simplexité dans celle de l’utilisateur.
L’outil simplexe met l’utilisateur au centre. La prospective, à la fois (in)discipline intellectuelle et outil opérationnel simplexe, doit permettre à son utilisateur de se doter de bagages (outils) avec lesquels partir en voyage (posture). Mettre l’utilisateur au centre c’est le comprendre, permettre qu’il s’approprie une démarche pour trouver des solutions, autrement dit pour connaître/identifier des processus. Ce qui compte c’est l’intention et la recherche de l’autonomie ; c’est générer des processus communs qui seront enrichis et régénérés par la pratique, par l’utilisation. La co-élaboration remplace la participation. Pour reprendre un des intervenants : la revendication de la simplexité, c’est la revendication de la capacité d’agir du citoyen.
Alors, quid de la prospective et de la simplexité?
De quelle façon la simplexité peut-elle se matérialiser dans la prospective? Cette question ouvre un vaste chantier, pour lequel au moins une piste peut-être avancée : mettre l’utilisateur au centre.
Une prospective simplexe mettra encore plus l’utilisateur au centre. Le citoyen de demain sera prospectiviste ou ne sera plus. La prospective ne sera plus seulement participative, elle sera co-élaborative dans son dessin et dans son dessein. Le voyage sera plus important que le bagage.
Pour en savoir plus :
Berthoz, A. (2009) La simplexité, Odile Jacob
Bouché, G. (2015) Changeons de civilisation, Kawa.
Giorgini P. (2014) La transition fulgurante. Vers un bouleversement systémique du monde? Bayard.
Kluger, J. (2007) Simplexity: why simple things become complex (and how complex things can be made simple), Hachette.
Morin, E. (2014) Introduction à la pensée complexe, Points.
by Robin Bourgeois, Senior Foresight Advisor, GFAR Secretariat
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